vendredi 30 avril 2010

Cameroun - Immigration: Un aller sans Retour

Par Patick N
Ces dernières décennies, on aura assisté à une immigration massive des peuples d’Afrique vers l’occident. Les étudiants y allaient par quête du savoir, les exilés par contraintes politiques, les plus pauvres par contraintes économiques et les riches par curiosité et recherche de la belle vie. Mais le groupe auquel je voudrais m’intéresser aujourd’hui est celui des étudiants

Les raisons qui justifiaient leur départ hier, sont-elles encore valables aujourd’hui ?

« Je pars pour m’instruire », voila un slogan fétiche que certains intellectuels qui en fait « partaient pour fuir » ont trop souvent utilisé. Tout comme la fille dans les cybercafés qui cherche le « blanc » pour « survivre et sauver sa famille », les intellectuels eux, ils cherchent le baccalauréat ou la licence et une inscription dans une université à l’étranger : des conditions préalables à leur départ et facilitant l’obtention d’un visa.

Aujourd’hui, nous le savons tous, le slogan de « Je pars pour m’instruire » est usé - mais les intellectuels partent toujours. Ce slogan s’est usé au courant des 50 dernières années, à la suite de la multitude de changements, innovations, et évènements qui ont eu lieu :

A ceux qui disaient je pars parce qu’il n’ya pas de bonnes universités au Cameroun, aujourd’hui on les regarde et on leur dit pas besoin : il y’a le E-Learning, il y’a des programmes en ligne offerts par de célèbres écoles à l’exemple de la Warwick Business School. On leur dit également, pour ce qui est des gestionnaires, que l’Université Catholique d’Afrique centrale et L’ESSEC de Douala font un très bon travail. Il existe de solides programmes d’études en Afrique, à l’exemple des 16 meilleur MBA

A ceux qui disaient je pars parce qu’il n’ya pas de bibliothèque et documentation pour faire des recherches, je pars parce qu’il n’ya pas des professeurs spécialisés sur l’objet de ma thèse, à ceux-là, on leur dit c’est plus la peine : Désormais il y’a Google, un bon mot-clé et deux clics et on a une montagne d’informations. La plupart des livres et travaux de recherche publiés sont disponibles sur le net et facilement accessible. Les professeurs et experts ont des adresses électroniques, des comptes sur Facebook, apparaissent régulièrement sur les forums et salons, et très souvent, sont prêts à assister quiconque le souhaite. L’internet a brisé les distances et désenclaver les Africains de l’accès à l’information.

D’autres disaient, je pars pour acquérir l’expérience, je pars pour la formation pratique. Aujourd’hui la mondialisation est arrivée, les entreprises sont globales, et la demande est pour une expérience locale. Aujourd’hui, les entreprises ne vous demandent plus si vous savez comment on fait pour vendre des téléphones en France, mais plutôt si vous savez comment on fait pour vendre des téléphones au Cameroun. Aujourd’hui les entreprises ne vous demandent plus si vous savez comment on fait pour créer une entreprise en France, mais si vous savez comment on fait pour créer une entreprise au Cameroun. Les entreprises demandent une expérience locale.

A ceux qui disaient, je pars parce que l’Europe me plaît mieux que l’Afrique, à ceux-là on dit merci pour votre franchise, au moins l’Afrique sait qu’elle ne doit pas compter sur vous ; ou du moins l’Afrique ne vous attendra pas et n’espérera pas vainement sur vous. Au moins, le Cameroun ne se retrouvera pas à danser au rythme du refrain de la célèbre chanson de cirage : « On attend l’enfant, l’enfant ne vient pas »

Pour remettre le problème en perspective, comment faire pour éradiquer la convention populaire selon laquelle ce qui vient de l’occident vaut mieux que ce qui se trouve en Afrique ? Comment éliminer l’idée fallacieuse selon laquelle un diplômé de l’occident est plus compétent qu’un diplômé de nos universités nationales ? Comment expliquer au jeune que s’ils veulent s’instruire et réussir dans la vie, ils n’ont pas forcement besoin d’aller à l’étranger ?

J’espère dans les prochains jours, discuter des solutions possibles.
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3 commentaires:

Anonyme a dit…

L'enjeu pour moi n'est pas de savoir s'il faut partir ou rester, mais plutôt de voir en quoi une certaine immigration peut être bénéfique pour le Cameroun. Ce n'est pas en restant au Cameroun qu'on aide mieux le Cameroun. Aujourd'hui avec la mondialisation, le "voeu de stabilité" au Cameroun n'est pas forcement une vertu. Si de l'étranger on fait des choses pour son pays, c'est plutôt une bonne chose, et je crois que beaucoup de camerounais de l'étranger, même ceux qui par la suite ont pris la nationalité de leur pays d'accueil restent profondement attachés à leurs familles. on sait aujourd'hui que l'épargne, les investissements et les dons des migrants malgré la crise correspondent à au moins 15% du PIB des pays d'Afrique. De plus, vous ne demanderez pas à un Samuel Etoo de rester au Cameroun pour des raisons purement idéologiques. Les juifs et les indiens nous ont montré qu'il y a un intérêt à sortir. il y a des opportunités à saisir à l'extérieur, comme à l'intérieur! Le véritable problème à mon avis c'est comment le Cameroun anticipe sur l'immigration, qu'est-ce qu'il offre pour préparer ceux qui ont la chance (ou la malchance) de partir, et comment il accueille ceux qui reviennent, s'il leur donne des possibilités de faire ce qu'ils ont appris à faire, s'il ne les combat pas plutôt... That is the question.

Anonyme a dit…

"Un aller sans retour"? arrêtons de dramatiser. Il faut voir le bon côté des choses. Ne jouons pas le jeu de ceux qui en Europe disent qu'ils ne veulent pas d'immigrer alors qu'eux-mêmes immigrent de plus en plus vers les Etats-unis, le Canada, les Emirats, Singapour et la Chine. Ne soyons pas dupes !

Anonyme a dit…

Mes amis, le "marché" de l'immigration, entendu marché des compétences à l'échelle internationale est le seul marché "win-win". je m'inquiète déjà de voir que le Cameroun va aussi le perdre comme tous les autres marchés... Pourtant la connaissance ne manque pas chez ces camerounais !

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