Avec ses petites lunettes et son perpétuel costume impeccable, Cyrille Nkontchou n'a pourtant rien d'une tête brûlée. Ce Camerounais de 43 ans, fils de diplomates installés en France où il a été élevé et fait Science Po Paris, avant de décrocher un MBA Harvard, ressentait le besoin de « revenir à ses racines ». Là où il a vécu son enfance.
Il a longuement hésité, tenté qu'il était de se consacrer à l'Afrique depuis l'Europe..., mais l'avènement de la démocratie en Afrique du Sud, et le boum internet ont chamboulé ses plans. Il a alors « déjà le sentiment qu'il y a des opportunités à saisir en Afrique ». En 2000, il fait ses valises, destination Johannesburg, où il crée Liquid Africa, une plate-forme d'informations financières. Le retour sur terre est brutal. « Peu de gens était prêt à payer pour de l'information », sourit aujourd'hui Cyrille Nkontchou, qui vit dans la banlieue de Johannesburg, à Sandtown. Pas de quoi freiner ce grand gaillard qui prépare le marathon de Soweto, en mai, à raison de 20 kilomètres par semaine, déterminé cette fois à ne pas abandonner comme l'année dernière au kilomètre vingt-et-un.
« Plutôt que de chercher à vendre l'information financière, on s'est dit qu'on allait l'utiliser », explique-t-il. Du coup, il lance une activité de banques d'affaires et joue les intermédiaires entre les entreprises et avec les fonds d'investissements. A partir de 2007, il franchit une nouvelle étape et investit ses propres fonds, dans des sociétés africaines. Logique et méthodique, ce père de deux enfants, qui après avoir brassé de l'information, joué les passe-plats et risqué son argent, gère celui des autres depuis septembre dernier.
Avec son frère, il a crée une nouvelle structure, Enko Capital, basée à Londres, et lancé le Enko African Opportunity Fund, qui investit dans des sociétés africaines cotées. Cinq millions de dollars, levés auprès de particuliers, ont été investi dans une dizaine d'entreprises africaines. « Sur les deux derniers mois de 2009, le fonds a fait + 10 % et depuis le début de l'année, il est à + 12 % », affirme-t-il, regrettant que « le potentiel des marchés financiers africains soit sous-estimé ». Il reconnaît toutefois qu'il y a « peu de titres à vendre. A la bourse de Douala, il n'y a que trois sociétés cotées... » D'où l'idée de son deuxième fonds : le Enko Africa preIPO Fund, premier du genre en Afrique, selon lui. Ce dernier a pour vocation d'investir dans des sociétés non cotées et de les amener sur les marchés dans les quatre à cinq ans qui suivent. Une manière de dynamiser les marchés de capitaux africains afin d'y drainer l'épargne locale, qui a trop tendance à fuir vers les capitales occidentales « C'est notre cause », assure celui qui est toujours aussi fier, une décennie après, d'être revenu en Afrique.[Lire en intégralité sur l'Expansion.com]
6 commentaires:
C'est bien pour lui. Nous on attend de voir les choses concrètes sur le terrain. Créations d'entreprises, investissements et peut être même contribution à l'amélioration des conditions dans son pays. Mais déjà, du courage dans cette aventure que j’imagine pas facile.
En voilà des initiatives intéressantes. J'apprécie particulièrement celle de Enko Africa PreIPO Fund, visant à investir sur des sociétés non cotées et les conduire par la suite vers les marchés financiers.
A mon avis, ce fonds va résoudre deux problèmes fondamentaux de nos économies, à savoir la faible capitalisation des PME (qui je pense, constituent l'essentiel des entreprises non cotées) et l'état embryonnaire de nos marchés financiers (DSX particulièrement). Tout le monde, avec cette initiative, serait gagnant.
Prenons seulement le cas des PME et des épargnants potentiels. D'une part les PME qui pourront financer le haut de bilan grâce aux investissements réalisés par le fonds et plus tard (à travers leur introduction à la bourse), dépendre un peu moins des banques commerciales dans leurs stratégies de croissance/expansion. D'autre part, les épargnants qui trouveront assurément une alternative à la faible rémunération des dépôts bancaires. Considérant seulement ces aspects, l'on conçoit aisément qu'à terme, cette initiative va aboutir à une amélioration significative de l'information financière, élément tirant encore vers le bas nos économies.
Félicitations et bon courage à Cyrille NKONTCHOU.
Je ne suis pas un expert de la finance, mais on sait tout de même que les marchés sont semi-efficients, c'est à dire que les valeurs des actions s'ajuster rapidement à toute information publique.
Dans le contexte de l'Afrique, particulièrement de l'Afrique subsaharienne, ou la corruption, la désinformation et la fraude se font dans l'impunité totale, comment peut-on espérer avoir un marché financier viable ?
Quels sont ceux-là qui prendront part à un tel jeu, sachant qu'il s’agit d'un jeu de dupes et qu'ils jouent à leur perte?
Non pas pour décourager de tels initiatives, mais juste pour dire que tant nous n'avons pas abordé les problèmes fondamentaux de notre société, il sera presqu'impossible de décoller, peu importe dans quel domaine
Très intérresantes comme initiatives dans le domaine de la finance en Afrique. Ce que je tire come enseignements c'est que les marchés financiers dans ce continent présentent bien des opportunités. D'ailleurs, c'est un instrument de mesure du niveau économique moderne et il serait bon qu'au Cameroun ou en Afrique centrale se soit doté d'un tel instrument. Maintenant cela pose aussi le problème de gouvernance dans les entreprises et même au niveau de l'Etat. D'où des efforts considérables à faire en ce qui concerne le respect des normes comptables et financières. La transparence au niveau de la gestion interne, la transparence vis-à-vis des pouvoirs publics (Impôts, Cotisations sociales), distribution des dividentes, etc. sont des exigences que les lois et réglements relatifs au marchés financiers imposent. Or, ce sont les tares que nombres d'entreprises locales présentent. Elles semblent pour la plupart ne pas remplir les conditions pour leur introduction à la Cote officielle de la DSX ou de la BVMAC à LIBREVILLE.
Tout en louant son initiative, il ne faut pas oublier que notre continent, pour l'heure, a beaucoup plus besoin d'entreprises opérant dans l'économie primaire (agricultures, pêche, élevage, etc) que les marchés financiers bien que sans argent pas d'entreprise et sans entreprise pas d'argent.
L'intiative est louable et Mr Kontchou a su choisir le pays ou aller. Au moins la bas il a toutes les chances de reussir la structure de l'economie etant similaire a celle de Londre et autres places financieres.
Pour le reste du continant et notament le cameroun il y'a vraiment beaucoup d'effort a faire. Il faudrait que la confiance regne entre les intervenants sur le marche, ensuite sortir de la logique de gestion paysane qui caracterise nos entreprises, encourager les promoteurs a ouvrir leur capital en leur demontrant le bien fonde de cette operation pour leurs activites. Mettre sur pied des organismes de controle et represion des fraudes en ayant au prealable diminuer considerablement la corruption.
A. T
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