lundi 26 avril 2010

Cameroun - L'Affaire du Recensement

Par Patrick N:
Les habitudes ont la peau dure dit-on souvent. Après la publication des résultats du troisième recensement de la population camerounaise, de nombreuses voix de l'opposition et de la presse s'élèvent pour décrier les résultats.

Il faut bien de rappeler que, le travail de l'opposition et de la presse ce n'est pas seulement de contester les résultats ou l’action de l'exécutif, mais de veiller à la qualité du processus qui mène à ces résultats. Ceci dit, au lieu qu'aujourd'hui les gens réagissent comme s'ils étaient surpris, ça aurait été plus judicieux de voir ces voix s'élever pour décrier les nombreux biais et mauvaises pratiques qui ont pu vicier ce recensement.

Tout le long du processus, ils étaient complètement absents, muets, et d'autre diront même muselés par eux-mêmes, subitement ils sortent de leurs gonds pour contester sans preuve du contraire les résultats du recensement.

Et même, il n'ya rien de mal à contester les résultats, mais de grâce, que les complaintes soient au moins fondées sur des arguments statistiques et non de simples affirmations d'opinions.

Selon Évariste Fopoussi Fotso, membre du bureau national du Social Democratic Front (SDF), les résultats ont été « tronqués » dans un but électoraliste. « Je ne peux pas croire que Douala ait moins de 2 millions d’habitants, conteste-t-il. On y a raboté les chiffres parce que ses habitants votent majoritairement pour l’opposition. » [Jeune Afrique]
Doit-on rappeler à Evariste Foupoussi, qu'entre ce qui apparait et ce qui est il peut y avoir un large gap? demande à quelqu'un qui vit à New-Bell, et il vous dira comment il a l'impression que le Cameroun est trop peuplé, demande à quelqu'un qui vit à Edéa, et il vous dira comment il a l'impression que le Cameroun est très peu peuple. Je veux simplement dire qu'on ne fait pas un recensement avec ses yeux et ses impressions.

Elizabeth Tamadjong la secrétaire général du Social democratic front (Sdf) elle tient les propos suivants: Sans s’étendre sur la manière, nous constatons que ces résultats qui datent de 5 ans sont désuets et ne méritent pas d’être exploités au Cameroun pour une raison quelconque». [Quotidien le jour]
En d'autres termes, parce que les résultats primaires datent de 5 ans avant, elles pensent que les résultats d'aujourd'hui sont désuets. Je ne sais pas quel est son background, mais je suis certains qu'au sein du SDF il y'a quand même des têtes capables d'expliquer au secrétaire qu'il existe de nombreux outils statistiques qui peuvent nous permettre d'estimer plus ou moins exactement la population d'aujourd'hui sur la base d'un recensement fait il y'a cinq ans.
Selon Jean Michel Nintcheu : Pour ce qui concerne essentiellement les chiffres, les différentes notes de présentation contenues dans les comptes administratifs et les budgets des six (06) mairies laissaient clairement apparaître que le Wouri seul regorgeait avant le 14 avril, plus de quatre (04) millions d’habitants soit le cinquième (1/5) de la population globale du pays. Il apparaît donc clairement que le chiffre de 2,5 millions d’habitants attribué à la région du Littoral résulte d’un polissage cosmétique doublé d’un vernissage dangereux et potentiellement explosif dont l’unique but est d’entretenir un flou malsain autour du fichier électoral et du découpage électoral qui n’a jamais garanti et qui, en l’état actuel des chiffres du 14 avril, ne garantira pas l’égalité constitutionnelle des citoyens devant le suffrage universel ».[Bonaberi.com]
Comment à partir du budget d'une marie, réussi-ton à établir la population de celle-ci? Voila une question qu'on aimerait poser à Michel Nintcheu. De plus, même si à partir du budget d'une marie on pouvait estimer sa population, cela ne suffirait toujours à contester le recensement pour le seul fait que, un budget excessif génèrera une surestimation de la population, et nous savons tous combien les budgets au Cameroun peuvent être excessifs.

En bref, Il est bien de vouloir contester les résultats, mais en moins qu'on ne soit capable de trouver les défaillances du processus de recensement, ou de faire un nouveau recensement de la ville de Douala et le confronter à celui du gouvernement, le débat sur le recensement ne sera qu'un débat d'opinion et ne nous avancera pas beaucoup.

Nous ne sommes peut être pas d’accord avec les procédures et la gestion de notre gouvernement, mais de grâce, ne leur donnons pas des munitions en tenant des affirmations que nous ne pouvons soutenir avec des données statistiques.
partager

8 commentaires:

Anonyme a dit…

compter de 1 a 19 M leur a pris 5 ans la honte ils auraient mm pas du publier ces resultats

Anonyme a dit…

à vous lire, on comprend qu'on n'a pas le droit de contester les résultats d'un recensement, à moins de le refaire soi-même, car au cameroun aucun chiffre n'existe qu'il ne soit validé par le gouvernement.
En attendant d'avoir des instituts de sondage comme en france, pouvez-vous objectivement penser que ce soit de simples suppositions lorsque la ville de Douala qui compte 1250000 (projection en 1997) n'est pas atteint 2 millions d'habitants en 12 ans? pensez-vous vraiment que tous les départements du littoral dont le Moungo ne puissent pas faire 500000 habitants? Quel serait selon vous le taux d'accroissement de la population urbaine à Douala, 2.6% comme la moyenne nationale?
Ce qui me choque dans votre façon de pensée c'est une sorte de pensée unique qui s'est installée au cameroun, alimentée par les médias d'Etat et des pseudo-universiversitaires qui ne publient nulle part. le cameroun seul pays où il est ridicule de contester. Bien sûr vous pouvez narguer les membres de l'opposition(dont "les habitudes ont la peau dure") de refaire le recensement eux-mêmes, c'est à dire qu'après avoir trouvé 13milliards, en plus de ceux payés pour rien par le contribuable camerounais, qu'ils refassent eux-memes les opérations de recensement; ce qui logiquement ne peut être possible.
Je me serais attendu à ce que vous vous projectiez sur ce qu'il y a lieu de faire face à un tel scandale; mais que vous doutiez vous-même qu'il ait un scandale, c'est cela même qui me scandalise.

Patrick N. a dit…

Bonjour

Je pense qu'on a le droit de contester les élections, je crois aussi avoir dit plus ou moins clairement que je ne suis pas contre la contestation, mais contre la démarche prise pour contester les résultats comme l’illustre mes propos suivants

« Et même, il n'ya rien de mal à contester les résultats, mais de grâce, que les complaintes soient au moins fondées sur des arguments statistiques et non de simples affirmations d'opinions. »(...)

« Je veux simplement dire qu'on ne fait pas un recensement avec ses yeux et ses impressions. »

Vous voyez, ce n’est pas le fait de contester qui pose un problème, c’est la démarche.

Vous posez des questions centrales pertinentes dans votre réaction: « pouvez-vous objectivement penser que ce soit de simples suppositions lorsque la ville de Douala qui compte 1250000 (projection en 1997) n'est pas atteint 2 millions d'habitants en 12 ans? Pensez-vous vraiment que tous les départements du littoral dont le Moungo ne puissent pas faire 500000 habitants? »

Le seul problème avec vos questions, c'est qu'on ne fait pas les statistiques avec ce que l'on pense ou ce qu'on ressent de ce que la population devrait être.

Même si nous pensons que les résultats ne sont pas justes, je dis simplement qu'a ce niveau, il est difficile de les contester, surtout sans base statistique. Je dis simplement qu’au lieu de se réveiller aujourd’hui, l’opposition et la presse auraient gagné à s’impliquer fortement dans le processus, en s’impliquant dans le processus, ils auraient eu des bases solides pour invalider les résultats de ce recensement.
De plus vous conviendrez avec moi que s’il suffisait de dire ce que l’on pense de la population pour contester les élections, on n’en arrivera jamais.

Pour le moment voici comment je vois les choses, l’opposition et la presse ont leurs pensées et sentiments de ce que la population devrait d’être, de l’autre coté, le gouvernement a des statistiques (tronquées ou pas tronquées) de ce que la population est. Dans un tel match, même si les derniers ont tort, ils ont l’avantage de la science et des chiffres.

Enfin, et pour repréciser ma position, ce n’est pas le fait de contester qui est un problème, chacun est libre et en a le plein droit. Le problème, c’est la démarche laxiste, qui consiste à vouloir contester sans preuve du contraire.

Entre ce que l’on pense et ce qui est, il peut y avoir un large gap. Je vois mal un Ségolène Royal ou un François Hollande venir contester les résultats d’un recensement, sans la moindre base statistique, sans recourir aux arguments d’experts qui puissent prouver le contraire des résultats, et surtout sans être fortement impliquer dans le processus d’un tel recensement.

Merci et bonne journée.

Anonyme a dit…

les defaillances quand au processus du recensement ont ete releve des la fin de l'operation et laissaient deja plane un doute quant a la qualite des resultats. ce n'est donc pas aujourd'hui que les uns et les autres se plaignent.
de plus de quelle marge de manoeuvre disposaient l'opposition pour s'impliquer dans l'operation de recensement? A t-elle ete associe au processus avant de decliner l'offre?
c'est bien de s'impliqer encore faut-il etre convie.

Anonyme a dit…

le problème du recensement n'est pas un problème particulier de l'opposition ni de la presse, mais un problème du développement en général. Si jusque là l'opposition et la presse sont malheureusement les seules à poser le problème, c'est que les intellectuels et la société civile en général perçoivent peut-être mal le caractère fondamental d'une telle opération. Comment développer un pays quand on ne sait pas combien on est? quand on peut manipuler les chiffres à sa guise? Au-delà de l'exploitation politique, les nombreux biais nous interpellent sans doute à développer d'autres méthodes qui fournissent des chiffres fiables à l'échelle locale et pourraient aider à des projets et initiatives locales. Si de telles stratégies marchent facilement en Afrique de l'Ouest où un village, une communauté ou une commune se compte, où des études monographiques sont faites dans des régions parfois simplement par des étudiants et des volontaires, au Cameroun il ne faut pas se leurrer que même les intellectuels les plus en vue et les "experts" vous repondront tout simplement que cela n'est pas possible, ou bien te plaqueront le manque de moyens financiers comme obstacle fondamental. Signe manifeste d'un fatalisme qui est sans doute plus redoutable que tous les autres maux du Cameroun. Dommage.

Patrick N a dit…

S’il vrai que le mutisme des intellectuelles sur les créations cruciales au Cameroun continu de surprendre, n’oublions pas quand même que l’opposition n’est pas que constituée de paysans, analphabètes, et personnes sans éducation, elle compte dans ces rangs certains des esprits les plus brillants du pays.

Nous devons aussi savoir que, tous les intellectuelles ne sont pas des politiciens, c’est au travail des politiciens de veiller sur les actions du régime en place en s’appuyant sur l’avis des intellectuelles et académiciens.

C’est au travail de la presse d’informer la population sur les faits et événements courant dans le pays, elle aurait du être plus présente tout au long du processus ; nous devons l’avouer, qu’une fois de plus, elle à manque d’assumer son rôle de cinquième pouvoir

Toutes les suggestions faites aujourd’hui par les uns et les autres sur comment faire un recensement, sur comment éviter les biais et autres, sont en majorité pertinentes ; le seul problème, c’est qu’elles arrivent avec cinq ans de retard.

Malheureusement c’est ce qui nous caractérise au Cameroun, nous nous plaignons toujours une fois que nous avons le dos contre le mur, mais jamais avant qu’on ne soit coincé ; Nous essayons toujours de trouver les solutions une fois que le problème a pris une ampleur irréversible, mais jamais avant qu’il ne soit manifesté.

Sachant toutes les défaillances que ce régime a pu nous faire vivre, on serait tente de se demande, comment se fait-il, qu’une fois de plus, on se soit laissé écarté du processus de recensement ? Comment ce n’est que maintenant, que le recensement est déterminé, qu’on a investi des millions, que les gens se lève pour contester ?

Il n’ya pas de mal a contester, mais si vous voulez le faire, apporter vos statistiques, ou alors apportez des faits qui invalides ces résultats.

Pour une fois, l’opposition Camerounaise a l’occasion de prouver qu’elle vaut quelque chose, elle peut le faire en organisant un nouveau recensement pour la ville de Douala, et si les chiffres parlent d’une autre voix, alors il y’aura débat.

Nous sommes souvent promptes à organiser des marches, souvent au risque de nos vies. Pourquoi cette fois ne regrouper des volontaires à Douala et organiser un recensement de la ville ?

Anonyme a dit…

De quelle marge de manoeuvre l'opposition dispose pour organiser un nouveau recensement a Douala? ?
Je vous informe donc que les biais tel que la mauvaise preparation agent recenseurs et la qualite des questionaires ont ete evoques des la fin de l'operation.
si vous pouvez pas le comprendre ou refuser de le comprendre vous pouvez toujours crier a l'idiotie ou au manque d'action des opposants et autres journalistes

Anonyme a dit…

« Je vous informe donc que les biais tel que la mauvaise preparation agent recenseurs et la qualite des questionaires ont ete evoques des la fin de l'operation. »

C’est bien de ça le problème, c’est d’avoir relevé ces biais à la fin, une fois le recensement terminé. Il y’a quand même un point important qu’il faut mettre en exergue : tout le monde sait qu’Elecam c’est de la blague et de la pacotille, ça tout le monde le sait depuis bientôt deux ans. Pourtant, les élections ne sont prévues que pour 2011.

On n’a pas attendu la fin des élections présidentielles en 2011, pour dénoncer les résultats d’Elecam, on le fait bien avant, longtemps avant même que les élections aient commencé. Nous voyons tous la vigueur et les multiples procédures que l’opposition prend pour dénoncer par anticipation cette supercherie.

Les questions qu’on se pose, sont celles de savoir pourquoi se sont-ils comportés différent par rapport au recensement? Pourquoi ont-ils attendu la fin ? Pourquoi n’avoir pas exigés de la transparence comme ils le font pour les élections présidentielles ? Pourquoi n’avoir pas organisé des marches dans la rue avec des pancartes affichant la liste des irrégularités ? Pourquoi n’avoir pas fait appel à la communauté internationale ?

On peut être extrêmement frustré par cette opposition qui semble obnubiler par Paul Biya et son régime, qui semble oublier ce qu’elle représente : un contrepoids et un instrument de veiller aux actions de l’exécutif.

Quels est la dernière fois ou vous avez vu l’opposition se manifester pour défendre les journalistes ? Quel est la dernière fois ou vous avez vu l’opposition se manifester pour le peuple ? Quel est la dernier fois ou vous avez attendu John Fru Ndi prononcer le mot éducation ?

Bref, nous sommes certainement tous fatigué du régime en place, mais il est certainement temps que l’opposition montre qu’elle mérite le changement. Vous ne pouvez pas raisonnablement contester un recensement sans présenter la moindre statistique, sans présenter même un seul fait vérifiable qui puisse soutenir votre cas.

A la question de savoir si l’opposition peut organiser un recensement à Douala, je dirai simplement demande à Barack Obama, n’est-ce pas lui qui dit « yes you can » ?

Enregistrer un commentaire