De Jeune Afrique/ par François Soudan
Envoyé au groupe par Njakpou Fabien
Dans le dernier numéro de "Jeune Afrique", je raconte en quelques lignes comment, à la veille du sommet Afrique – France de Nice, notre hebdo a refusé une proposition d'interview de… Nicolas Sarkozy, au motif que cet entretien devait être non pas recueilli par nous-mêmes, mais rédigé par les services de la présidence de la République, en réponse à des questions écrites que nous leur aurions soumises, sans aucune garantie d'acceptation. L'information ayant fait quelque bruit dans le landernau françafricain, voici quelques éléments d'explication supplémentaires.
1) Il ne viendrait certes à l'idée d'aucun media de refuser une interview « live » du président français. Par contre, le procédé questions écrites/réponses écrites n'est accepté par aucun organe de presse digne de ce nom et ne devrait être proposé par aucun conseiller en communication. Il exclut la spontanéité, n'autorise aucune relance, gomme les questions gênantes et ne permet aucune contradiction de la part de l'intervieweur. Le résultat est, le plus souvent, contreproductif. Sans risque certes, mais langue de bois au possible, complaisant, connivent. Bref, peu crédible.
2) J.A. s'est toujours fait un point d'honneur à refuser ce type de procédé. Nombreux, depuis cinquante ans, sont les entourages de chefs d'État, voire de ministres africains, à avoir formulé ce genre de demandes. Les uns acceptent, pas nous.
3) L'Élysée de Nicolas Sarkozy n'innove pas en la matière. Depuis Georges Pompidou jusqu'à Jacques Chirac, les voyages présidentiels en Afrique ont presque toujours été précédés d'interviews écrites « accordées » à un ou des journaux du ou des pays visités et livrées en « prêt à publier ». Explication d'un ancien conseiller Afrique de l'Elysée : « cela fait gagner du temps au président et nous avons la garantie que ses propos ne seront pas déformés ». Ce qui n'est évidemment pas le cas de ces entretiens rédigés par des conseillers et à peine relus par l'intéressé lui-même.
4) Le fond du problème : on voit mal, très mal, ce genre de vrai – faux entretien proposé à des journaux français, américains ou européens, lesquels en feraient des gorges chaudes. C'est en quelque sorte une exclusivité réservée aux seuls Africains. A l'heure où il est question de refonder entre la France et le continent une relation trop longtemps faite de paternalisme, c'est à ce genre de détail que l'on mesure le chemin qu'il reste à parcourir…[Lire en intégralité sur Jeune Afrique]
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